SUR NICE ; J'Y HABITE DEPUIS 1949 ALORS J'EN PARLE (1996)

CETTE RUBRIQUE INTERESSE LES NICOIS

Pourquoi n'y-a-t-il pas de Radio du pays niçois? L'absence à Nice d'une radio en niçois n'est pas le résultat d'une censure démoniaque. C'est plus simple que ça. Les responsables à la Mairie, à la Préfecture, à la télé, à la radio d'Etat et même à la CSA, ceux qui prennent les décisions culturelles ne sentent pas à l'intérieur d'eux-mêmes la nécessité de lutter pour la survie de la culture et de la langue niçoises ; situation d'ailleurs naturelle dans la mesure où la plupart de ces décideurs sont ou bien d'origine italienne ou bien du nord de la France et que le niçois n'est pas leur langue d'origine ; un poisson habitué à vivre dans l'eau salée ne comprendra pas la nécessité de l'eau douce. Si maintenant vous me demandez pourquoi aux postes de décisions il n'y a pas des gens de la culture du lieu je dirai que cette culture ayant à un moment dans le passé été battue, ses défenseurs ont été évincés et d'autres, pour survivre, obligés de s'auto censurer.

Contrairement à Denis Roche j'aimerais bien faire quelque chose pour Nice: une donation de ma collection d'archives Fluxus.

Bravo à Nicoletti pour son catalogue Fondation d'entreprises Provence Côte d'Azur. Enfin quelqu'un qui fait le travail que le FRAC aurait du faire : croire en des jeunes inconnus de la région. Leur donner un peu de gloire sur du papier couché avec de belles photos.

Ca me réjouit d'autant plus que Bernard Nicoletti a suivi quelques uns de mes conseils.

Il manque néanmoins, et ce sera peut être pour les prochains achats, une pièce de Thévenin, d'Yves Rousguistau, Louis Pastorelli, de Migliore, d'Annie Abrahams ... Ils n'ont qu'à me téléphoner je leur donnerai les adresses.

Aqui si parla nissart

La question que se pose de plus en plus d'occitanistes : Est-ce que l'absence de l'occitan à la télé et à la radio est naturelle et due à un désintérêt des gens ou bien est-ce le résultat d'une politique calculée ?

Nice Cannes

Dommage que la Galerie MD de Cannes soit fermée.

Le Maire, Monsieur Mouillot, aurait dû la soutenir.

Monsieur Peyrat : il faut à Nice...

Il nous faut une revue avec articles de fond et informations, une revue qui puisse non pas servir aux artistes de panneau publicitaire, mais de plate-forme et de débat.

Il nous faut un local où les artistes puissent venir s'engueuler, se rencontrer, boire un pot.

Il nous faut une association de petits collectionneurs cherchant à faire du profit en découvrant les nouveaux talents du Sud et en les défendant. Cela s'appelle en Allemagne les Kunsverein, et il y en a 10.000.

Il nous faut une radio locale libre et non inféodée aux partis politiques et à la chansonnette normale, sur laquelle tous les jours à une heure fixe, il y aurait une table ouverte avec les artistes de la région.

Il nous faut un système d'accueil pour les artistes visiteurs, appartement et possibilité de montrer leur travail très vite, pas cher et d'une manière décontractée.

Il nous faut une disco bon marché, 20 francs l'entrée, car à Nice les discos sont trop chères et on ne sait pas où aller danser. Par exemple, en Allemagne, à Berlin, les artistes se retrouvaient à la Jungle ou au Métropole.

Il nous faut, comme à Genève à l'lle-aux- Halles, une série de dix ateliers d'artistes avec bistrots à proximité pour pouvoir, si on a envie de peindre, peindre.

Tout cela il nous le faut, et ça m'est complètement égal si c'est Jacques Médecin, si c'est Max Gallo, si c'est Claude Fournet ou Christian Bernard qui nous l'obtient.

Mais ne nous leurrons pas: pour avoir tout cela qui parait simple, il faut en avoir la volonté, et c'est là, je crois, qu'on revient à zéro. Pour qu'il y ait cette volonté, il faut tout d'abord croire en soi, savoir qui nous sommes, se sentir une entité, connaître sa spécificité face à celle des autres, exister culturellement et cela s'appelle une prise de conscience de son identité culturelle, accepter d'être occitan en Occitanie.

Si la création ne marche pas, ne respire pas, ne s'épanouit pas dans les villes moyennes du Sud autant qu'elle s'épanouit dans les villes moyennes d'Allemagne, c'est pour les raisons suivantes :

a) il y a eu jusqu'à récemment dans les villes du Sud, de la part de la population autochtone, un phénomène de rejet envers l'avant-garde,

b) il y a eu aspiration vers Paris de tout ce qui était d'avant-garde en Province.

Prenons le point a. Pourquoi ce rejet ? Parce que la culture d'avant-garde, aux yeux des petites bourgeoisies locales de l'Occitanie, représente la bonne parole supérieure venue du Nord. La culture d'avant-garde est l'apanage des gens du Nord, c'est-à-dire de Paris. Dans ces conditions, rejeter cette culture d'avant garde, c'est faire preuve d'identité et, en d'autres termes, ne pas continuer à se laisser dicter ses goûts par Paris.

Cette attitude ne changera vraiment que lorsque le Sud s'apercevra qu'il possède lui même son avant garde et qu'elle ne doit rien à Paris et ce changement d'attitude ne peut avoir lieu que si les populations régionales perdent leur complexe d'infériorité et le souvenir de leur défaite culturelle. Cette analyse concerne, bien sur, les populations originaires du terroir. Actuellement, tous les artistes du Sud ont la tête tournée vers Paris. Et voilà pour le point b.

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