NORVEGE

Royaume de Norvège
Capitale : Oslo
Superficie : 324 000 km2
Population : 4 200 000 hab.

Historique. (1994)

Tourné vers la mer mais attaché à sa terre, il y a longtemps que le peuple norvégien a abandonné toute velléité expansionniste. Le temps des Vikings, (il est vrai en partie Danois!) est bien révolu. Les Norvégiens qui découvrirent l'Islande, le Gröenland et l'Amérique du Nord ne purent voir prospérer leurs colonies. Ils durent s'en séparer et les laisser aux mains des Danois, lesquels colonisèrent la Norvège dès la fin du XIVe siècle. Au XIXe, ce sont les Suédois qui s'emparèrent de celle-ci et c'est le traité de Kiel (1814) qui lia les deux pays dans une union singulière. Indépendante depuis 1907, la Norvège est depuis lors en paix avec tout le monde, y compris ses voisins scandinaves. Nation volontiers neutraliste, elle sert souvent d'intermédiaire lors de conflits, ce qui est tout à son honneur.

Propositions et perspectives

1) La région du Jamtland
L'ethnie norvégienne déborde sur la Suède dans la région du Jämtland, territoire qui lui fut arraché par les Suédois en 1660. La proximité linguistique et culturelle des deux peuples ainsi que leur amitié, rendent difficile l'émergence d'une conscience nationale norvégienne dans cette région marginale, pauvre et peu peuplée.
Un changement d'attitude ne saurait intervenir que si la Scanie, au sud de la Suède, revendiquait de son côté, son identité danoise, elle aussi ayant été incorporée à la Suède à la même date.
Si tel devait être le cas, il faut espérer que la démocratie suédoise s'accommoderait, après référendum, de l'autonomie nationale à accorder au Jämtland, voire de sa sécession.

2) L'Archipel des Shetland et des Orcades
Norvégiens par l'ethnie, quoique anglicisés depuis le XVIIIe siècle, les archipels des Shetland et des Orcades (ainsi que le comté de Caithness à la pointe nord-est de l'Ecosse) sont des vestiges des antiques établissements vikings du IXe siècle ; ils ont été scandinaves, (norvégiens puis danois), jusqu'en 1472, date à laquelle ils furent annexés par le royaume d'Ecosse.
Ces territoires restent très marginalisés dans le monde britannique ; la découverte de pétrole en Mer du Nord les a tirés quelque peu de cette position particulière. Les Ecossais revendiquant le pétrole en même temps que leur indépendance, les archipels ont menacé de faire sécession et de former une entité autonome pour leur propre compte. Nul doute que, pour ces Norvégiens anglicisés, mais dont le dialecte trahit le substrat du vieux parler norse, l'autonomie nationale, voire le rattachement à la Norvège, finalement très proche géographiquement, ne relève pas de l'utopie.
La déliquescence de l'État britannique, incapable de surmonter la perte de son immense empire, les y conduit probablement. Ils ont en tous cas obtenu que les Shetland retrouvent officiellement leur nom norvégien traditionnel : Zetland.

3) Les Saame
Démocrates, pacifiques, les Norvégiens ont tout de même leur nationalité minoritaire, ce sont les 45 000 Saame (ou Lapons) du Grand Nord.
A l'instar des autres peuples et États scandinaves, ils n'ont commencé que très récemment à réhabiliter cette population de langue ouralienne. Cette communauté d'éleveurs de rennes nomades s'installe progressivement dans le mode de vie dominant tout en récupérant ses droits territoriaux et en revivifiant ses langue et culture ancestrales.
L'avenir de ce peuple passe, comme pour d'autres petites ethnies du Nouveau Monde , par la reconnaissance pleine et entière de son identité et de ses droits par la communauté internationale.
Un statut juridique spécial, lui accordant la souveraineté sur un territoire transfrontalier (à définir dans les régions au delà du Cercle polaire arctique) et une citoyenneté également transfrontalière, devraient être accordés aux Saame par leurs tuteurs : les États norvégien, suédois, finlandais et russe.
Ainsi avec ce statut particulier, serait établie et pérennisée l'identité nationale d'un peuple singulier et attachant. La démocratie norvégienne ne perdrait rien en accompagnant cette renaissance nationale à son terme le plus logique : son attitude ne pourrait, au contraire, que favoriser le rattachement des franges territoriales de l'ethnie norvégienne.

Jean-Louis Veyrac 1994


Le peuple Same

C'est le plus vieux peuple de Scandinavie. Les Sames sont connus sous le nom de Lapons mais le terme est péjoratif. En suédois, un "lapon" est un vieux chiffon (faut-il penser au vêtement traditionnel multicolore de ce peuple ?). Le mot que les Lapons utilisent entre eux pour se désigner est "SAMIK" ou "SAME". Ils sont 35.000 au total éparpillés au nord de la Scandinavie (20.000 en Norvège, 10.000 en Suède, 2.500 en Finlande et 2.000 en Russie). Ils étaient un peuple nomade dont le mode de vie était lié à l'élevage des rennes. Ces animaux bien connus du bestiaire populaire ont des cornes enchevêtrées qui ressemblent à des branches d'arbustes. Elles leur servent à dégager les lichens recouverts par la neige. Aujourd'hui la civilisation du renne est menacée. Le dernier peuple pasteur d'Europe est en passe de perdre son mode de vie immémorial.

Les Sames malades de Tchernobyl

Les rennes qui se nourrissent de lichens et de mousse s'empoisonnent lentement. Pluies et vents ont rendu les pâturages radioactifs après la catastrophe de Tchernobyl. Que faire ? Il aurait été logique de détruire tous les troupeaux contaminés. Mais cela aurait équivalu à détruire froidement la culture same. A Oslo comme à
Stockholm, on pense abattre seulement 25% des rennes et dédommager les Sames pour le manque à gagner. Mais que va-t-il se passer avec les autres animaux irradiés ? En fait, personne n'en sait rien. Les arbres contractent la maladie à cause des pluies acides et, dans les cours d'eau, il n'y a plus guère de poisson. Baleines et phoques se font rares sans parler des loups et des ours dont le nombre diminue chaque année. En somme, c'est tout le passé culturel des Sames qui disparaît peu à peu.
Il n'y a, en réalité, que 20% des Sames qui soient des pasteurs. La grande majorité vit selon un mode de vie semblable au nôtre : ils sont artisans, commerçants, mineurs ou même, pour certains d'entre-eux, fonctionnaires. Il serait donc erroné de circonscrire la vie du peuple same autour de l'élevage du renne. C'est un peuple spécifique avec son histoire propre, ses croyances religieuses, sa vie culturelle, sa langue, ses problèmes économiques et ses revendications de liberté politique.

Un peuple démocratique

Aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps, il semble que les Sames aient toujours eu une organisation sociale quasiment libertaire. Pas de royaume ou d'État same. Peut-être venus de l'est, ils seraient installés en Scandinavie depuis 700 ans avant J.-Christ. La langue des Sames est d'origine ouraloturque avec une certaine parenté avec la famille finno-ougrienne et les idiomes de l'Oural (mordve, mari, tchouvache). Ils occupaient jadis une bonne part de la Scandinavie et ils furent repoussés vers le nord au fur-et-à mesure que les Finlandais et les Scandinaves faisaient reculer les forêts.
Peuple sans État, donc sans défense, ils furent forcés de payer tribut aux rois norvégiens et aux marchands finlandais. Puis leurs clans se trouvèrent désunis : les uns nomadisaient en territoire suédois, les autres en Finlande, d'autres en Norvège, d'autres enfin en Russie. Les Sames de Finlande suivirent le destin de ce pays. Lorsque ce pays fut détaché de la Suède, en 1809, ils passèrent sous domination russe, puis en 1917 lorsque la Finlande arracha son indépendance, ils devinrent sujets de la Finlande. Ceux de Norvège, après avoir dépendu du Danemark puis de la Suède, finirent par devenir sujets de la Norvège lorsque celle-ci devint indépendante en 1905.
La seule organisation spécifique des Sames a été la "NORRAZ" ou assemblée délibérative qui élisait tous les ans une sorte de président chargé des relations avec les autorités.
Les Sames étaient en général ennemis de toute violence et ils se méfiaient de tout pouvoir militaire. Les seuls autorités vraiment reconnues étaient celles des "chamans". Ces derniers étaient des prêtres paiens qui soignaient les malades et remettaient fractures et membres brisés.

La langue et l'enseignement

C'est entre les lacs Ladoga et Onega que se situe le centre de gravité de la langue same. Elle est constituée de trois grands dialectes : le same du nord, le plus parlé, le same méridional et le same oriental.
La langue same est soutenue par la presse, la radio et par les programmes de télévision.

Richesse de la culture same

Depuis les premiers textes écrits en same - à savoir un petit recueil de prières publié en 1635 et la traduction intégrale de la Bible en 1897 - bien des choses ont changé. Une grande littérature profane a vu le jour. Citons pour mémoire J. Turi pour son livre traduit en français "Récits de la vie des Lapons" ou encore des écrivains comme Jonas Ahren ou Erik Nilsson Mandok. Il faudrait aussi parler d'Aillohas qui essaie présentement de faire revivre les "JOIK", sorte de chants traditionnels. Il existe une association de peintres et sculpteurs sames.

La revendication identitaire

Pour lutter contre les politiques de nivellement et d'effacement de l'identité same, les Sames ont été aidés par des universitaires samalogues. L'un des premiers efforts consiste à intervenir auprès du gouvernement norvégien en se référant à la Charte de l'O.N.U.

Vers l'internationalisation

En 1975, les Sames ont adhéré au Conseil Mondial des Peuples Indigènes (World Council of Indigenous Peoples). Lors de la dernière réunion de ce conseil à Sasktachevan au Canada, 24 peuples indigènes étaient représentés, parmi lesquels les Sames.

Être same aujourd'hui

L'économie pastorale, avec l'élevage des rennes est, d'évidence un des signes de l'identité Same. Il n'empêche qu'à côté de cette pratique, ce merveilleux petit peuple mène une lutte serrée pour constituer une économie originale, moderne, et pour maintenir sa langue. Au-delà d'un attachement viscéral à des traditions antiques, les Sames nous enseignent ce que peut être une certaine lutte pour les libertés nationales.
"Nous avons le même droit que les autres peuples aux bonnes choses de la vie. On dira que nous ne sommes bons à rien. Qu'importe !
Dans les contes, le petit dernier si méprisé épouse toujours la fille du roi et gagne ainsi la moitié du royaume. Il lui suffit d'utiliser ses dons et ses pouvoirs". C'est ce qu'écrivait Anders Lansen dans son livre "Baeive-Algga" (L'Aube).

Jacques Ressaire 1987

Voir aussi :
Danemark, Islande, Finlande, Grande Bretagne, Russie

carte

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