SLOVENIE

République de Slovénie
Capitale : Ljubljana
Superficie : 20 251 km2
Population : 1 980 000 hab.

Situation actuelle (1992)

État très récent mais de nationalité bien typée au sein de l'ensemble slave, la Slovénie est d'une homogénéité ethno-culturelle rare. Ce fait semblerait expliquer à lui seul pourquoi elle est le seul pays de l'ancienne Europe communiste, à ne pas connaître les tourments des revendications liées aux faits minoritaires.
Pragmatiques, ouverts, démocratiques, la population et l'État slovènes ont parfaitement su faire leur place aux faibles minorités qu'abrite leur pays, qu'elles soient autochtones ou non.
La Constitution, libérale à cet égard, protège les membres de celles-ci en reconnaissant tous les droits auxquels ils peuvent aspirer.
S'appuyant sur un réel dynamisme économique et une discrétion diplomatique de bon aloi, cette attitude est propre à ouvrir à court terme les portes de l'Union européenne à la Slovénie. Faisant l'impasse sur ses contentieux territoriaux avec l'Autriche et l'Italie, celle-ci préfère se montrer à son avantage en octroyant à ses minorités des droits exemplaires, que ses voisins seraient bien inspirés de garantir à leurs propres ressortissants.

Propositions

  1. A terme, une solution pourrait être négociée avec l'Italie : un échange territorial permettrait de supprimer les causes de tension.
    Mais pour être envisageable, il implique une participation de la Croatie au règlement définitif de la question.
    La Slovénie et la Croatie restitueraient la côte occidentale de l'Istrie à l'Italie. Celle-ci rétrocéderait à sa voisine sa zone slovène, les Vals Canale, Resia, Natisone et l'écharpe frontalière Gorizia-Trieste, et un statut de ville franche pour cette dernière intéresserait les trois États contigüs, voire même l'Autriche.
    Si le pragmatisme de la Slovénie la contraint à éluder le problème de la Carinthie méridionale peuplée de Slovènes, l'autonomie nationale préalable au rattachement devra un jour ou l'autre intervenir, n'en déplaise aux fascistes autrichiens qui agitent le spectre de l'invasion slave, pour faire croître leur électorat.
    Il est certain qu'une initiative diplomatique de grande ampleur, prenant en compte la totalité des différends dans les Alpes orientales, permettrait d'envisager des échanges territoriaux de nature à régler la question des minorités frontalières. On comprendra aisément que la récupération du Tyrol par l'Autriche, l'amènerait à être plus conciliante en Carinthie.
    Mais la rapide intégration de la Slovénie dans l'Union européenne, survenant après celle de l'Autriche, serait de nature à modifier considérablement le sort des populations concernées. On ne peut que l'encourager vivement.

  2. La petite zone de peuplement hongrois autour de Lendava peut être rattachée à son État à tout moment jugé opportun.

  3. Il n'existe pas de contentieux entre Slovénie et Croatie pour la simple raison que la frontière traverse une population de même souche ethnique et de même langue autochtone.
    La fracture historique ancienne, induite par l'inclusion de la Slovénie dans le séculaire Saint Empire romain germanique , alors que la Croatie était intégrée à la Hongrie, eut pour effet que le Zagorié, la région de Zagreb, renonça au XIXe siècle, à assumer son identité slovéno-croate. Suivant en cela leur linguiste Ljudevit Gaj, les Zagoriaks adoptèrent le serbo-croate comme langue littéraire et avec lui, l'idée yougoslave.
    De cette attitude ont dérivé pour une bonne part les drames passés et présents de la Yougoslavie.
    Cependant, rien ne permet de croire aujourd'hui que cette situation soit irréversible. Les difficultés à faire coïncider la volonté nationale croate avec des sensibilités ethno-linguistiques divergentes, (slovéno-croate et serbo-croate), conjuguées à d'évidents problèmes géopolitiques, sont en mesure d'amener l'ensemble des Croates à douter de leur identité nationale. Ajoutons par ailleurs que les parlers slovéno-kajkaves sont toujours usités malgré la suprématie actuelle du serbo-croate. La volonté de se démarquer des Serbes pourrait leur donner une vigueur nouvelle. Mais l'idée d'une Grande Slovénie semble exclue pour longtemps.

Jean-Louis Veyrac, 1994

Voir aussi : Hongrie, Italie.

tableau des populations, ethnies, langues, religions

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