ETHNIE BASQUE EUSKADIE

LUGAR N° DEUX (PRINTEMPS 1971)

EUSKADI (PAYS BASQUE)

Le sujet principal du dossier international que nous présentons dans cette livraison du Lùgar est l'Euskadi.

Le procès de Burgos terminé, la lutte du peuple basque pour sa libération continue. Elle connaît même de nouveaux développements : le plus important est la constitution d'un Front National de Libération Basque, en cours. Nous publions plus loin la traduction du projet de programme de ce front, réalisé par E.T.A. Par ailleurs, suite à la rencontre de divers militants responsables d'E.T.A., nous publions une étude sur la situation politique actuelle en Euskadi.
A l'heure où nous écrivons ces lignes, l'administration française, en collusion flagrante avec le pouvoir fasciste espagnol, a décidé l'expulsion d'Euskadi de trois réfugiés politiques basques, vivant en Euskadi-nord.
D'après le quotidien madrilène A.B.C., ce sont seize réfugiés qui doivent connaître le même sort.
Le P.N.O. manifeste sa pleine et entière solidarité avec les militants basques sur lesquels s'abat une fois de plus la répression de l'appareil impérialiste français. Il appelle tous les militants occitans à fournir aux camarades basques tout l'appui matériel, financier et moral dont ils peuvent avoir besoin.

(S'adresser au Comité Occitan de Soutien à la Révolution Basque, 1 rue Albert André, 30 BAGNOLS-SUR-CEZE)

EUSKADI 1971 : APRES BURGOS

Le procès de Burgos a permis que l'opinion internationale s'intéresse enfin à la question basque. Et puis le voile est retombé.
Pour beaucoup, la nature fasciste du régime espagnol, le côté spectaculaire de la condamnation à mort puis de la grâce des six patriotes basques militaires d'E.T.A. ont masqué la réalité du problème : le fait que le peuple basque, comme beaucoup d'autres peuples en Europe et dans le monde, soit un peuple colonisé politiquement, économiquement, culturellement. Le fait aussi que, vu l'intensité du réveil national qui s'y manifeste aujourd'hui, Euskadi soit un des "points chauds" de la vieille Europe, qui n'a pas fini d'être secouée par les luttes des peuples qui étouffent au sein de ses frontières absurdes.
Mais Burgos n'est qu'un moment de la lutte de libération nationale basque, et nous voulons aujourd'hui faire le point sur la situation politique en Euskadi, tant au sud qu'au nord de la Bidasoa, et examiner par ailleurs quels sont les problèmes et les perspectives stratégiques des révolutionnaires basques.

1 - LA SITUATION POLITIQUE EN EUSKADI

La nouvelle résistance basque a commencé de se manifester voici dix ans avec la fondation du mouvement E.T.A. Elle a parcouru depuis un chemin très important, en plusieurs étapes en référence auxquelles peut se comprendre la situation actuelle (1).

  1. De 1960 à 1968, E.T.A. s'est progressivement imposé comme la première des forces politiques basques. Il s'agissait d'une part de s'affirmer par rapport aux forces "abertzale" (2) classiques en rompant avec les pratiques attentistes qu'elles avaient suivies depuis la fin de la guerre d'"Espagne", d'autre part de définir une stratégie révolutionnaire propre au Pays Basque, à contenu à la fois patriotique et social, adaptée à la situation du moment. Au cours de ces années, le travail des révolutionnaires basques s'est orienté dans trois directions essentielles :
    Parallèlement une amorce de réveil national se fera en Euskadi-nord, avec la fondation du mouvement Enbata en 1963. Les premières vagues de répression anti-basque (depuis la fin de la guerre) dans l'état espagnol conduisent beaucoup de militants du sud à se réfugier au nord, où ils aideront leurs compatriotes les plus conscients à mieux formuler la nécessité de lutter aussi pour la libération d'Euskadi.

  2. En 1968, l'organisation est structurée (malgré l'intensité de la répression) ; elle est déjà solidement implantée en milieu ouvrier, contrôlant plusieurs Commissions Ouvrières et animant même d'importantes grèves. Par ailleurs, la Résistance a déjà mené plusieurs actions directes contre les forces d'occupation espagnoles (attentats contre des casernes, sabotages) et leurs complices locaux (attaques de banques, afin de récupérer l'argent volé au peuple basque par ses exploiteurs et de l'utiliser pour la révolution basque). C'est cette année-là que commence l'affrontement direct et violent avec l'état espagnol, et aussi la deuxième étape. En juin 1968, Xavier Etxebarrieta, un des meilleurs militants d'E.T.A., est assassiné par la garde civile. La réponse ne se fait pas attendre. Au mois d'août, le front militaire du mouvement exécute un des chefs de la police du Gipuzkoa, Melit'on Manzanas, tortionnaire de sinistre renommée. L'état d'exception est aussitôt proclamé au Gipuzkoa. C'est dans ce contexte que se déroule cette deuxième phase de la nouvelle Résistance basque qui culminera au procès de Burgos.
    D'une part, la répression s'intensifie : des centaines de patriotes, ouvriers, petits-bourgois, paysans, sont jetés en prison. Izko est accusé d'avoir tué Manzanas (alors que la police sait que les justiciers sont depuis longtemps hors de sa portée) ; Madrid veut faire un exemple. Afin de donner une idée de l'ampleur de la lutte en Euskadi-sud pendant cette période, signalons que pour la seule année 1970, la Résistance basque a eu 4 morts, tués par la garde civile, 16 blessés par balles, 6 condamnés à mort (au procès de Burgos), 1 107 années de prison, 23 millions de pesetas d'amendes ; au total, près de 5 500 personnes ont été arrêtées pour délits politiques au Pays Basque pendant cette seule année. Au début de 1971, 400 patriotes basques étaient détenus dans les prisons d'Espagne.
    D'autre part, la lutte révolutionnaire commence à revêtir un caractère de masse en Euskadi sud. E.T.A. contrôle des milliers de sympathisants actifs. Ses actions sont répercutées dans tout le pays Basque qui se reconnaît à travers elles. L'organisation devient la force politique la plus dynamique et avancée d'Euskadi.
    En même temps au nord se déroule aussi une autre étape, plus calme, un certain reflux préalable à une nouvelle radicalisation : en avril 1968, le mouvement Enbata, suite à de nombreuses contradictions internes (opposition de notables modérés et des jeunes militants), et faute d'avoir défini une ligne politique assez claire, décide de se dissoudre. Les plus avancés de ses militants, attirés par l'exemple de leurs frères du sud, préparent la relance de l'action nationaliste, sous une forme plus incisive. En 1969 est créé à Saint Jean de Luz le "Front de lutte du Pays Basque contre la répression franquiste" qui entame une campagne contre la célébration de la "Semaine de Saint Jean de Luz", organisée par le maire réactionnaire Larramendy qui a choisi comme thème de la "Semaine" l'Espagne ! E.T.A. signe le manifeste du Front et participe à ses activités : l'accent est fortement mis sur le lien existant entre la situation des deux côtés de la "frontière".
    Pour les révolutionnaires basques, qu'ils soient d'Euskadi sud ou nord, tous ces faits, toute cette dynamique de lutte, sont orientés par une perspective claire, qui est celle de l'indépendance d'un Buskadi socialiste et réunifié, seul moyen de réaliser la libération totale des masses basques. C'est cela que la Résistance appelle la "Révolution Basque".

  3. Cette Révolution basque est aujourd'hui arrivée à une troisième étape au début de laquelle elle doit préciser sa stratégie et se démarquer des dangers et des déviations qu'elle rencontre dans toute lutte révolutionnaire.
    Il s'agit en effet pour les patriotes basques d'une part de lutter contre la déviation "espagnoliste" qui consiste à reléguer à l'arrière-plan l'aspect national de la lutte du peuple basque, pour se mettre à la remorque d'autres forces révolutionnaires de la péninsule ibérique et en particulier espagnoles : en d'autres termes faire la révolution à Madrid afin de libérer Bilbao ; d'autre part de capitaliser tout l'acquis des luttes de dernières années et de la mobilisation des masses basques en mettant sur pied un Front National de Libération Basque agissant tant au sud qu'au nord de la Bidosoa.
    Cette troisième étape s'est ouverte dès 1970. Elle a plus ou moins coïncidé avec les événements qui se sont produits à l'occasion du procès de Burgos : très importants mouvements de masse en Euskadi sud, puisque le peuple travailleur basque tout entier, depuis les ouvriers jusqu'aux petits commerçants, a manifesté sa solidarité (grèves, fermetures de magasins, violentes manifestations de rue) à des accusés qui s'affirmaient nationalistes et révolutionnaires basques.
    Ce procès a eu aussi des répercussions importantes au nord où des secteurs de plus en plus nombreux de la population commencent à se sentir concernés par le problème basque ; les manifestations qui s'y sont déroulées en décembre 1970 et lors de l'Aberri Eguna (4) en avril 1971 à Saint Jean de Luz sont les plus importantes manifestations politiques de ces dernières années en Euskadi nord. Et les nationalistes du nord recommencent à s'organiser (5).
Tel est le contexte politique dans lequel se situent les perspectives actuelles de la libération d'Euskadi.

2 - STRATEGIE DE LA REVOLUTION BASQUE

  1. Le Front National de Libération (6)

    1. Les forces en présence :
      Si E.T.A. est bien le pôle le plus agissant de la nouvelle Résistance basque, d'autres mouvements patriotiques existent aussi au Pays Basque. Le plus important d'entre eux est le vieux Parti Nationaliste Basque (P.V.), parti bourgeois, qui s'est peu manifesté depuis 1940, qui s'en tient à une revendication "statutiste" pour l'Euskadi (c'est à dire n'allant pas plus loin que le cadre de l'autonomie reconnue au Pays Basque en 1936 par la République Espagnole, qui excluait la Navarre et le Pays Basque nord), et dont les préoccupations sociales ne vont guère plus loin que le réformisme bourgeois. Cependant le P.N.V. conserve une certaine audience au Pays-Basque sud (7) ; par ailleurs, une partie de ses militants adopte des positions plus radicales devant l'évolution des événements. L'organisation de jeunesse du P.N.V., E.G.I. (Eusko Gastedi = Jeunesse Basque), a donné naissance à une tendance séparatiste-socialiste (E.G.I.-Batasuna = E.G.I.-Unité, ou E.G.I. tout court selon certains, convaincus que l'autre n'existe pas) qui s'est beaucoup rapprochée d'E.T.A. (Euskaldun Langileen Alkartasuna = Solidarité des Travailleurs Basques), syndicat créé par le P.N.V. avant la guerre de 1936, et dont s'est récemment détachée une tendance plus avancée, E.L.A.-Berri (La Nouvelle E.L.A.). E.L.A. est le syndicat ouvrier (clandestin) le plus actif d'Euskadi sud.
      Après l'essor de la lutte révolutionnaire en Euskadi ces dernières années, il s'agit à présent de rassembler toutes les forces patriotiques basques, correspondant aux diverses classes opprimées en présence au Pays Basque, dans un Front National de Libération, alliance des classes nationales basques sous la direction du prolétariat. Laissons les camarades basques nous exposer les raisons de la constitution de ce Front :
      "Quant à nous, marxistes et en même temps patriotes, notre analyse de la situation nous montre que face au nationalisme bourgeois et petit-bourgeois est en train de naître un patriotisme révolutionnaire correspondant aux intérêts de la classe ouvrière base. (...) Actuellement il y a une série de classes sociales en Vasconia qui sont apprimées par le système colonisateur, et qui ont un rôle à jouer. Le prolétariat, la paysannerie, la petite-bourgeoisie et y compris des secteurs de la bourgeoisie non-monopoliste. Ainsi l'organe politique qui se substitue au monopole bourgeois (8) doit être un F.N.L., entendu comme unité de ces classes contre l'ennemi impérialiste commun.
      Et cela se manifeste dans la pression populaire, chaque jour plus forte, à la base des organisations, en faveur de ce front". (9)
      Il s'agit donc pour E.T.A. de réunir dans un même front commun toutes les forces politiques patriotiques en tant qu'elles représentent les couches sociales ayant objectivement intérêt à la libération d'Euskadi. La seule couche qui est exclue de ce processus est la grande bourgeoisie monopoliste, qui est dans le camp de l'impérialisme espagnol.

    2. La portée révolutionnaire du F.N.L.V. :
      Il faut souligner ici trois points importants quant à ce F.N.L.V. (qui n'est encore qu'en voie de constitution)

      1. Les patriotes basques, que l'on ne peut soupçonner de sympathies réactionnaires, se prononcent, comme tous les mouvements de libération nationale dans le monde, pour une alliance des classes nationales contre l'impérialisme. Selon leurs propres dires, ils ne font en cela que suivre l'exemple du F.L.N. algérien ou du F.N.L. du Sud-Viêtnam.

      2. Leur exemple prouve que les Fronts de Libération Nationale, instruments politiques des luttes de libération nationales, ne sont pas réservés aux pays d'outre-mer, et que leur principe est parfaitement valable pour les peuples colonisés d'Europe. Le seul problème (et la seule nécessité) est de modeler leur contenu et leurs formes d'action selon la situation des pays concernés : rapports entres les classes nationales d'une part, entre l'ensemble de ces classes et l'impérialisme étranger de l'autre. Mais ils montrent aussi que la constitution d'un Front de Libération Nationale ne doit être envisagée que si elle s'appuie sur une lutte de masse : c'est là la condition pour que le F.L.N. corresponde à une réalité et ne se borne pas à être un cartel d'individus et d'organisations fantômes.

      3. Enfin, il faut voir l'extrême importance du fait que la F.N.L.V. entende réunir les forces basques des deux côtés de la Bidasoa et qu'il compte agir tant en Euskadi sud qu'en Euskadi nord (à mesure de la progression du réveil national de ce dernier). Euskadi est séparé en deux par une frontière dont la seule justification repose sur des rapports de forces féodaux. La pratique révolutionnaire basque conteste la validité de cette frontière et, partant, celle des cadres étatiques existants dans lesquels se complaisent, avec un étrange respect, la totalité des forces progressistes occidentales. C'est là qu'est reposé tout le problème de la stratégie révolutionnaire en Europe occidentale : ou bien l'on veut construire le socialisme sans tenir compte des réalités ethniques, ou bien l'on tient compte de ces réalités et alors il n'y a plus aucune raison de privilégier l'organisation dans le cadre stato-national et il faut reconnaître la nécessaire autonomie stratégique de la lutte révolutionnaire dans les diverses nations.

      C'est à propos du premier et du troisième de ces points que se sont manifestées les déviations qui expliquent la situation organisationnelle actuelle d'E.T.A.

  2. La nationalisme-révolutionnaire basque et l'erreur espagnoliste.

    1. La division d'E.T.A. et les thèses en présence :
      Le mouvement E.T.A. n'est pas resté identique à lui-même et loin de là, en plus de dix années d'existence. Si la construction d'un Euskadi indépendant a toujours été au centre de ses préoccupations, une sensible évolution concernant les moyens à adopter pour la réalisation de l'indépendance s'est faite sentir au fil des cinq Assemblées du mouvement, de 1961 à 1968 : notons principalement le passage de conceptions socialistes-humanistes au socialisme scientifique, l'adoption de principes léninistes d'organisation et des méthodes de la guerre révolutionnaire adaptées à un pays industriel, la mise en avant de la problématique du F.N.L.V. Malgré cette évolution, une constante était toujours demeurée dans la ligne du mouvement : l'affirmation que le peuple basque est doublement opprimé, à la fois sur le plan national et sur le plan socio-économique, et que sa lutte doit se situer sur ces deux plans - libérer les travailleurs basques à la fois en tant que basques et en tant que prolétaires. Cette tâche ne pouvant être assurée que par une force révolutionnaire basque (les partis de la gauche espagnole étant tous centralistes).
      Mais, dans la mesure où l'évolution correspondait à un élargissement du champ d'implantation et de recrutement de l'organisation (au début limité à la petite-bourgeoisie intellectuelle ; atteignant aujourd'hui les classes populaires, en particulier les ouvriers), il était inévitable que des divergences apparaissent.
      Les éléments les plus modérés d'E.T.A. l'ayant quitté en 1964 et en 1967 devant l'évolution du mouvement vers le marxisme, le danger de déviation le plus important n'était pas à droite mais à gauche. Déjà, en 1966, un groupe lié à une organisation gauchiste espagnole, le FELIPE (Frente de Liberacion Popular Espanola) avait réussi à s'infiltrer dans l'E.T.A. et tenait même en mains la rédaction de "Zutik" (= En avant), l'organe du mouvement. Ce groupe prônait une étroite liaison de la lutte basque avec celle des organisations stato-espagnoles, ce qui revenait à laisser tomber l'aspect national de la lutte, du fait de l'abandon du principe d'autonomie stratégique (11). Le groupe "felipiste" fut expulsé à la V° Assemblée.
      Une autre déviation gauchiste, beaucoup plus importante, s'est manifestée lors de la VI° Assemblée, qui a eu lieu en septembre 1970. Tandis qu'un groupe de militants en exil à Paris et à Bruxelles, rallié au marxisme dans ses positions les plus aberrantes sur la question nationale, décidait de quitter un mouvement juger "nationaliste" (12), un autre courant, représentant un certain nombre de militants de l'intérieur, reprenait à son compte la plupart des thèses des "felipistes" expulsés en 1966 : refus de voir dans la contradiction nationale la contradiction principale en Euskadi ; refus de l'alliance avec les couches petites-bourgeoisies ; par conséquent, refus d'un Front National incluant ces forces ; volonté de collaboration à tout prix avec les partis de la gauche espagnole ; mise aux oubliettes de la perspective de la réunification d'Euskadi. Ce groupe a été mis en minorité à la VI° Assemblée (septembre 1970), mais a décidé de continuer à agir sous le nom d' "E.T.A.-VI° Assemblée" ou "E.T.A.-Iraultza Edo Hil (13) et publie un bulletin intitulé "Berriak". A l'heure actuelle donc, deux groupes utilisent le sigle E.T.A. en s'opposant l'un à l'autre : "marxistes-espagnolistes" contre "nationalistes-militaristes". Ces divergences ont été étalées au grand jour au moment du procès de Burgos. Il convient de voir sur quoi elles reposent.
      Il faut tout d'abord lever une équivoque : l'opposition qui s'est manifestée à la VI° Assemblée entre les deux tendances d'E.T.A. n'est pas une opposition entre "marxistes" et "nationalistes", entre "progressistes" et "réactionnaires", entre "nationalistes-révolutionnaires" et "nationalistes-bourgeois". Les deux tendances en question sont d'accord sur le fait qu'il existe un peuple basque colonisé par l'état espagnol et par l'état français, qu'il faut réaliser l'indépendance et l'unification de ce peuple en luttant pour la construction d'une République Socialiste Basque. C'est au plan de la stratégie que se manifestent des divergences qui auront d'ailleurs leurs répercussions théoriques. En effet deux analyses sont en présence :

      • l'une attaque le problème à sa racine, à savoir : le peuple basque est colonisé par deux états, qu'il faut attaquer dans leur principe même, en tant qu'états impérialistes. Pour cela, il faut doter le peuple basque d'organisations politiques autonomes, qui le guideront sur sa voie de libération, voie qui ne passe ni par Madrid ni par Paris (14). Il faut mener une lutte révolutionnaire basque en Euskadi.

      • l'autre s'en prend surtout à la forme actuelle des états en question, fasciste d'un côté, démocratique-bourgeois de l'autre, et veut lutter davantage contre les régimes en question que contre les états eux-mêmes. Autrement dit, un changement de régime à Madrid et à Paris suffirait à résoudre la question basque. Par conséquent, il faut s'allier aux forces progressistes espagnoles pour réaliser la tâche prioritaire qu'est la déroute du franquisme.

      C'est le premier de ces courants, désigné sous le nom de "nationaliste" (mais qui se définit comme "patriote et socialiste"), qui conserve en mains l'organisation. Le deuxième courant, ou "E.T.A.-VI" en a été exclu.
      Examinons pourquoi on peut parler d' "illusions espagnolistes" avant de voir en quoi l'alternative patriote-révolutionnaire semble plus juste.

    2. Nature de l'illusion espagnoliste :
      Le gauchisme espagnoliste repose sur plusieurs erreurs, qui toutes peuvent être ramenées à une erreur principale : la croyance selon laquelle l'impérialisme n'est qu'un produit du capitalisme (le passage au socialisme de l'état capitaliste colonisateur signifiant donc automatiquement la libération nationale du ou des pays colonisés) ; il ne peut par conséquent y avoir de contradictions de nation à nation, il n'y a que des contradictions de classe à classe.
      S'il est certain qu'à l'heure actuelle les ouvriers basques et les ouvriers andalous sont opprimés par le même ennemi - le fascisme franquiste -, il ne faut pas oublier qu'en plus l'ouvrier basque est opprimé comme basque. Comme le disent très bien les camarades d' "E.T.A.-Askatasuna Ala Hil", "ce n'est pas le franquisme qui a créé le problème basque et ce n'est pas sa fin qui le règlera. Il existe 250 000 Basques, opprimés nationalement, qui n'ont jamais été victimes du franquisme : de Hendaye à Esquiule..." (15). La recherche de l'alliance avec les organisations espagnoles - sans exiger d'elles au préalable la reconnaissance de la nécessaire indépendance d'Euskadi - est fondée sur la croyance que les progressistes espagnols, du fait même de leur référence au socialisme, sont pro-basques. Dans une idyllique vision de l'Espagne, E.T.A.-VI parle des "27 millions d'amis qu'a le peuple basque pour sa libération". Comme le note l'organe d'E.T.A., "Zutik" (16), "tous et chacun des espagnols, en somme, veulent la liberté nationale du Pays Basque... Seule la bourgeoisie basque (y compris le P.N.V., "qui n'est pas abertzale") s'y oppose. Le P.S.O.E., le P.C.E., le P.O.U.M. (17) sont des alliés connus des revendications nationales basques... Sans doute "VI" estime que lesdits partis ne représentent pas réellement le peuple espagnol ; auquel cas nous arriverons à la conclusion qu'il y a 27 millions d'alliés de la cause abertzale qui ne sont représentés dans aucun des partis existants... D'ici à ce que "VI" soit dans l'obligation de créer vite des cellules en Espagne, à la recherche de ces dizaines de millions de profonds patriotes..." (18).
      La première erreur du gauchisme espagnoliste est donc de se laisser récupérer par des organisations centralistes qui ne reconnaisent pas au peuple basque ses droits légitimes. Cette première erreur tient à une seconde, d'ordre stratégique : la libération du peuple basque serait liée à la chute du franquisme, et c'est pourquoi il faudrait s'allier à la gauche espagnole pour l'aider à prendre le pouvoir à Madrid. L'erreur porte ici sur deux points :

      • d'une part, le degré de politisation et de combativité des masses est beaucoup plus élevé en Euskadi (et en Catalogne) que dans le reste de l'Etat espagnol (exception faite des Asturies). Ces zones sont au reste les plus industrielles de cet état, et c'est pourquoi la situation y est plus avancée que partout ailleurs. Par conséquent, vouloir s'allier aux forces stato-espagnoles revient à freiner le développement des luttes des travailleurs basques (et catalans). Ce serait plutôt aux espagnols de s'allier aux basques !

      • d'autre part, le gauchisme espagnoliste fait une erreur d'analyse politique en subordonnant l'essor du mouvement basque à une révolution socialiste madrilène. En effet, le franquisme sera vraisemblablement remplacé à moyen terme par une monarchie bourgeoise (et non pas un régime socialiste), qui s'accompagnera d'une certaine libéralisation politique, laquelle permettra au mouvement basque de se manifester sous des formes nouvelles et de connaître un nouveau développement (pouvant aboutir à une situation du genre de celle de l'époque de la République Espagnole, allant cette fois beaucoup plus loin). La position réaliste est donc de continuer sur la lancée actuelle dans cette perspective.

      En fait, le gauchisme espagnoliste correspond à une régression tant pratique qu'idéologique.
      Au plan pratique, l'alliance stratégique avec les forces espagnoles tend à nier toute l'originalité de la dynamique du F.N.L.V. (19). Au reste, on peut se demander pourquoi les gens d'E.T.A.-VI privilégient la lutte dans le cadre des frontières de l'état espagnol, oubliant l'Euskadi nord, ce qui revient à faire du problème basque un problème provincial espagnol. Cette volonté d'union sacrée à l'intérieur de l'Etat espagnol entre basques et espagnols revient à vouloir l'unité "entre cosaques et prussiens, entre moscovites et berlinois pendant l'occupation allemande... entre Saïgon et la Floride aujourd'hui... Voilà l' "internationalisme" qu'ils nous proposent..." (20).
      Au plan idéologique ensuite la régression espagnoliste tend à abandonner les apports les plus intéressants du nationalisme-révolutionnaire basque (concept du peuple travailleur basque, etc/) au profit des dogmes les plus éculés du marxisme occidental. E.T.A.-VI en vient même à nier qu'il puisse y avoir des contradictions entre nations, parallèles aux contradictions entre classes :
      (E.T.A.-VI dit que) "le problème n'est pas un problème NATIONAL, de lutte de nations de culture dictincte, d'ethnocide, d'affrontement de peuples distincts. On nous dit que cela ne se produit jamais, comme si les peuples s'aimaient entre eux, comme si l'on n'avait jamais connu dans l'Histoire de haines ETHNIQUES... (E.T.A. - VI) dit qu'il y a oppression politico-sociale, dûe exclusivement à la bourgeoisie" (20);
      (Mais) "est-ce que les Viêtnamiens ne sont pas aujourd'hui anti-américains ? Est-ce que les Russes n'étaient pas anti-allemands sous l'occupation allemande ? Esct-ce que les Maoïstes n'étaient pas anti-japonais pendant l'occupation japonaise ?" (2°)

  3. La voie juste : l'abertzalisme-révolutionnaire La déviation gauchiste traduit surtout une crise de croissance du mouvement basque. En outre, la majorité des militants de l'intérieur a continué à suivre la ligne "abertzale". Certains éléments d'E.T.A.-VI ont même demandé à participer au F.N.L.V.

    1. Patriotisme et révolution :
      Ce serait une grave erreur que de faire du groupe espagnoliste E.T.A.-VI LA tendance marxiste d'E.T.A. En fait, la tendance patriote (abertzale) se réclame également de la conception marxiste des contradictions socio-économiques. Mais pour elle la contradiction principale se situe entre le peuple colonisé basque et les états colonisateurs, quelle que soit leur structure sociale. L'indépendance nationale d'Euskadi est la condition du socialisme basque.
      "Dans le monde actuel, l'heure de la révolution socialiste a sonné (...). Ce combat est UNIVERSELLEMENT celui des peuples et des classes opprimés contre l'impérialisme, et l'unité internationaliste réelle est une de ses caractéristiques ; PARTICULIEREMENT, ce combat prend la forme de la destruction de l'appareil oppressif détaché contre chaque peuple, et de la construction de systèmes socialistes propres à chaque nation" (21).
      Par conséquent, l'unité des forces progressistes en Eusaki, pays opprimé nationalement, prend la forme d'un FRONT NATIONAL de toutes les classes et groupes patriotiques. Parallèlement, dans la mesure où l'impérialisme prend en Euskadi la forme concrète des bourgeoisies monopolistes espagnole et française, le Front National de Libération, en tant que seul représentant légitime du peuple basque (au nord et au sud), pourra entrer dans des FRONTS ANTI-OLIGARCHIQUES avec des forces progressistes espagnoles et françaises, afin de détruire le pouvoir de ces classes dominantes. Telle est la relation concrète entre le NATIONALISME (= luttes pour le socialisme sur la base du principe de l'indépendance de chaque nation).
      Par ailleurs, E.T.A. (abertzale) envisage la transformation du Front Ouvrier en Parti Socialiste des Ouvriers et des Paysans Basques, car il s'agit que "les travailleurs prennent la direction du mouvement populaire patriotique, réunissent autour d'eux les larges masses anti-impérialistes et édifient leur propre parti dans la lutte pour les intérêts populaires, en se mettant à la tête des revendications nationales" (22). C'est sous la direction de ce Parti socialiste patriote que l'Euskadi indépendant entreprendra la construction du socialisme basque.

    2. La lutte armée dans la Révolution Basque :
      C'est enfin au niveau des moyens de la lutte révolutionnaire qu'E.T.A. - abertzale s'oppose aux espagnolistes.
      "Nous croyons que notre E.T.A. a profondément raison dans la continuation de la lutte armée : contre un système impérialiste qui dans toutes les parties du monde a créé un énorme appareil répressif, l'unique issue est la victoire par la voie des armes (...) L'histoire d'E.T.A., son rôle politique et l'impact que son&brkbar;uvre a eu dans le peuple est profondément lié à la pratique de cette solution violente.
      (...) Ce qui est complètement métaphysique est d'opposer les "actions militaires" et les "actions de masses" : les deux se complètent, le saut dialectique important est le moment où l'on passe des actions de groupes d'avant-garde aux armées populaires. Dans ce sens nous pouvons opposer "l'activisme" et la "guerre du peuple" : le premier prépare la seconde" (22).
      En effet, le groupe E.T.A.-VI, se rangeant de plus en plus sur les positions du P.C. espagnol, ne perçoit plus "le sens du processus qui va des actions de rue à la guerilla urbaine, de l'armée semi-régulière à l'armée régulière" (22).

3 - LA REVOLUTION BASQUE, "COUP DE TONNERRE EN EUROPE" (23)

La résistance basque est aujourd'hui à un tournant décisif ; et c'est justement dans la mesure où ses perspectives politiques se précisent que les démarcations de son avant-garde, E.T.A., ont été nécessaires :

"E.T.A. doit continuer à défendre la lutte pour l'unité, l'indépendance et la basquité de Vasconia, la lutte pour le socialisme et le recours à la violence ; et E.T.A. doit se transformer en un front de tendances de façon à être le groupe le plus dynamique aussi bien pour unifier autour de lui les forces de la gauche basque qui veulent un F.N.L. que les ouvriers, les paysans et les intellectuels avec qui nous luttons pour un P.C. patriotique" (25).
L'essentiel à l'heure actuelle est la constitution du Front National de Libération Basque ; les négociations entre les diverses organisations intéressées ont déjà commencé.
Est-ce un hasard si les points les plus "chauds" de l'Europe occidentale sont aujourd'hui l'Irlande du Nord et l'Euskadi ? Dans les deux cas se pose un problème national ; dans les deux cas se développe une lutte de masses sur la base de revendications nationales et sociales. Il est à peine besoin de souligner le rôle énorme et détonateur que jouera la lutte de libération nationale du peuple basque au fur et à mesure de sa progression. Son essor, lié au développement de mouvements nationalistes-révolutionnaires dans d'autres ethnies, va contraindre toutes les forces progressistes d'Europe occidentale à se définir par rapport à la question coloniale dans cette zone du monde qui peut devenir elle aussi une "zone des tempêtes". Bien plus, il apparaîtra qu'aucun processus révolutionnaire n'est possible qui ne prenne en compte la situation des ethnies opprimées, ne serait-ce que dans la mesure où le nationalisme bourgeois est définitivement révolu et où la réalisation des aspirations des travailleurs des pays colonisés passe par la décolonisation de ces pays.
Euskadi est un petit pays. Et les révolutionnaires basques qui allument aujourd'hui un brasier entre Bilbo et Donibane Lohitzune, entre Gasteiz et Maule (26) , espèrent que le relais sera pris ailleurs. En tant qu'internationalistes, nos camarades d'E.T.A. sont parfaitement conscients de la portée révolutionnaire que pourra avoir une lutte de libération nationale en Occitanie.
Le courage et la détermination du peuple basque sont exemplaires pour tous les autres pays colonisés d'Europe. Et la meilleure manière pour nous, occitans, peuple suraliéné, d'être solidaire du peuple d'Euskadi, n'est-ce pas de lutter de toutes nos forces pour la Révolution Occitane, de Gorats à Niso et de Byarritz à Lo Turre (27) ?

GORA EUSKADI TA OKITANIA ASKATUTAS !CE VISCUN EWSCADI 'MAY UTSITONYE LIWERTOS !

NOTES :

  1. Ce chemin a été parcouru aussi bien en Euskadi sud qu'en Euskadi nord (avec des formes différentes vu le décalage des situations existant de part et d'autre de la "frontière"). Notons cependant que c'est surtout du sud que sont venues les impulsions qui ont permis le réveil basque au nord.
  2. Le terme "abertzale" signifie en basque "patriote"; l'"abertzalisme" est aujourd'hui le principal axe de la pratique révolutionnaire en Euskadi (tout comme le "djoutché" le national-communisme coréen).
  3. Front politique, front culturel, front socio-économique (qui deviendra plus tard ouvrier) front militaire.
  4. L'Aberri Eguna, "Jour de la Patrie", qui se célèbre le jour de Pâques, est la fête nationale basque.
  5. A propos de cet éveil basque en Euskadi nord, signalons deux faits qui illustrent bien un nouvel état d'esprit de la population :
  6. Voir le projet de programme de ce Front, dont nous publions la traduction ci-jointe.
  7. L'Aberri Eguna de 1964, organisé par le P.N.V., a rassemblé 40.000 personnes à Gernika.
  8. Le texte se réfère ici au monopole exercé pendant longtemps par la bourgeoisie sur le mouvement national basque, monopole impossible à l'heure actuelle parce qu'aujourd'hui, il ne peut exister d'authentique libération nationale sans faire une révolution socialiste. L'époque à laquelle les bourgeoisies nationales pouvaient créer des états propres est maintenant, au moins en Europe, complètement dépassée" (extraits de "Gatazka", bulletin théorique des nationalistes basques).
  9. Extrait de "Zutik", n° 59, pages 3-4.
  10. C'est pourquoi nous pensons que le Front de Libération de la Bretagne (tant le légal que le clandestin) n'est pas un véritable Front de Libération Nationale, dans la mesure où sa création n'a correspondu en rien à une lutte de masses en Bretagne.
  11. Précisons que les conditions de la clandestinité ne permettent pas toujours à la direction d'une organisation de prévenir ou de cerner à temps les erreurs de tel ou tel groupe de militants.
  12. Ce groupe s'exprime dans la revue "Saioak", dont la principale activité consiste à attaquer l'idéologie nationaliste-révolutionnaire basque au nom des principes philosophiques de M. Louis Althusser sur les questions de l'idéologie. Ainsi, les philosophes-"théoriciens" de ce groupe reprochent à E.T.A. de "balbutier entre des notions idéologiques (comme ethnie, nation, langue et culture)" - Saioak n° 2 page 40 (certains textes de Saioak n°2 sont repris dans le livre "Euzkadi Socialiste", de même inspiration, qui vient de paraître en français dans une édition de poche - pour environ 16 F). L'ethnie, la langue, notions "idéologiques" on croit rêver. Dans la même foulée, ces gens qui se prétendent "léninistes" mettent exactement sur le même plan le "nationalisme de la grande-nation" (c'est-à-dire le chauvinisme impérialiste espagnol) et celui des peuples opprimés par cette même "grande nation" - voir Saioak n° 2 pages 44-45. Voir aussi Lénine : "Il faut distinguer entre le nationalisme de la nation qui opprime et celui de la nation opprimée" (31.12.1922).
  13. "Iraultza edo hil" = "La révolution ou la mort". Par opposition à "Askatasuna ala hil" = "La liberté ou la mort", devise actuelle de l'E.T.A. patriotique.
  14. L'opinion internationale a manifesté au moment du procès de Burgos une curieuse tendance à réduire la lutte d'E.T.A. au simple anti-franquisme, en oubliant seulement que les 16 accusés de Burgos n'étaient pas des "démocrates espagnols" mais des révolutionnaires basques combattant pour un Euskadi libre. C'est au reste en ce sens que J.-J. Echavé, un des dirigeants de la tendance "abertzale" d'E.T.A. pouvait déclarer à Jean Lacouture pour le journal "Le Monde" : "Nous ne sommes pas anto-franquistes, nous sommes anti-espagnols". Les camarades basques ont durement affronté le facisme depuis dix ans (sans parler des 50.000 basques tués par les franquistes et leurs alliés pendant la guerre d'"Espagne"). Mais leur lutte dépasse singulièrement un simple changement de régime à Madrid, et ils lutteraient aussi bien contre un pouvoir socialiste espagnol qui entendrait faire d'Euskadi une nouvelle Ukraine.
  15. "Zutik" n°60 p. 1 - "Un marxiste français qui, pendant l'occupation allemande, aurait osé dire qu'"un travailleur allemand est aussi opprimé qu'un travailleur français" aurait été considéré comme un agent de la Gestapo" .
  16. "Zutik" n° 60 p. 2
  17. P.S.O.E. : Parti Socialiste Ouvrier Espagnol.
    P.C.E. : Parti Communiste Espagnol.
    P.O.U.M. : Parti Ouvrier d'Unification Marxiste (trotskiste).
  18. Certes, les progressistes espagnols ont protesté et manifesté contre le procès de Burgos. Ont-ils pour autant soutenu la cause basque ? Qu'on en juge par ces propos relevés par l'ancien correspondant de "Monde" en Espagne, Jean Créac'h ("Le Monde" du 5 mai 1971) :
    "...à Palomeras, aux confins de la banlieue madrilène (...) je retrouvais les compagnons d'une communauté chrétienne, maçons, mécaniciens, médecins, employés... Age moyen : la trentaine. Couleur politique : entre le socialisme chrétien et le marxisme. Paradis rêvé : l'U.R.S.S.
    - Alors, ... Burgos ?
    Réponse sans détours :
    - Comment veux-tu que nous soyons d'accord avec ceux-là, ceux de l'E.T.A... ... Qu'ils tirent, d'accord ! Mais nous arracher un morceau de la mère-patrie, çà ! Jamais !
    Et l'un des garçons aura ce mot :
    - "D'ailleurs, l'armée pense comme nous".
  19. Voir ci-dessus, I b.
  20. "Zutik" n° 60 pages 1-2
  21. Extrait de' "Gataska", déjà cité à la note 8).
  22. "Zutik" n° 59 p. 4
  23. L'expression est de Jean-Paul Sartre; voir "Le Nouvel Observateur" du 22 mai 1971, pages 40-41.
  24. Le Gouvernement basque en exil, dont le siège est à Paris, se veut le continuateur légal du Gouvernement de la République Autonome d'Euskadi (1936-1939). Depuis trente ans, il s'est complètement coupé de la réalité basque et n'a plus aucune influence réelle en Euskadi.
  25. "Zutik" n° 59 p. 5
  26. Bilbo = Bilbao
    Donibane Lohitzune = Saint Jean de Luz
    Gasteiz = Victoria
    Maule = Mauléon.
  27. Gorats = Guéret
    Niso = Nice
    Byarrits = Biarritz
    Lo Turre = La Torre Pellice.

Nous comptons publier prochainement une note sur l'occitanité de toute l'agglomération de Bayonne - Biarritz - Anglet - Le Boucau. En attendant, qu'il suffise de rappeler que tous les savants (même basques, comme M. Krutwig) reconnaissent que la langue indigène de Bayonne est le Gascon depuis au moins le XIIe siècle; qu'il y a un peu plus d'un siècle, Biarritz n'était encore qu'un petit village de pêcheurs gascons, que l'importance et ancienne minorité basque de l'agglomération provient simplement de la séparation d'Euzkadi entre deux états, ne laissant aucune ville importante dans la patrie basque du nord (état béarno-basque dit "Royaume de Navarre", puis état français) pour absorber les ruraux basques quittant la terre, alors que l'arrière pays landais de Bayonne était assez peu peuplé (surtout depuis un siècle).

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