ROUMANIE

République de Roumanie
Capitale : Bucarest
Superficie : 237 500 km2
Population : 22 900 000 hab.

Situation actuelle (1994)

Très nettement caractérisée par sa latinité dans un environnement slave, l'ethnie roumaine ne connaît pas de variations internes majeures. Même les bergers valaques, disséminés dans l'ensemble balkanique, peuvent s'identifier sans difficulté à la nation et à l'État roumains. N'appelle-t-on pas Valachie, la partie méridionale de celui-ci ?

Problèmes

1) La question moldave
Du fait de l'indépendance moldave, l'unité nationale se pose actuellement en termes d'unification de deux États dans les mêmes proportions qu'elle s'est posée pour l'Allemagne, sinon dans le même contexte.
Or, alors que l'indépendance de la Moldavie semblait ne devoir être qu'une étape obligée vers la réunion de ce qui était précédemment uni (et qui fut divisé par les Soviétiques en 1945), il s'avère que la Moldavie entend suivre sa propre voie.
En effet, l'État moldave envisage une réunion des deux Moldavies, l'indépendante et la roumaine, renonçant ainsi à l'unité de tous les Roumains.
Cette voie, peu conforme à l'idéal ethniste, a des chances objectives d'aboutir, car la Roumanie est et sera affaiblie internationalement par son incapacité à résoudre ses contradictions internes, politiques, économiques et sociales et à aborder avec sérénité ses problèmes de minorités ethniques.

La seule parade consisterait à imaginer un fédéralisme roumain respectueux des disparités régionales et des réalités ethno-culturelles et à le mettre en place sans tarder. Ce serait la seule politique crédible pouvant mener à une confédération pan-roumaine.

2) Moins grave mais cependant pas sans conséquences, demeure le sort des Serbes de langue valaque de la région des Portes de Fer dans la République fédérale de Yougoslavie. Lorsque l'État serbo-monténégrin aura trouvé son assise et adopté un minimum d'institutions démocratiques, ces Valaques pourraient alors assumer leur identité ethnique roumaine.
De l'autonomie nationale au rattachement à la mère-patrie, le cheminement paraît assez évident. Mais cette minorité devra d'abord renoncer à son ultra-patriotisme serbe, témoin négatif d'une identité profonde refoulée.
Il est à noter que les Roumains de Voïvodine doivent être considérés à part, leur situation s'apparentant à celle des autres nationalités non-territoriales de la Yougoslavie.

3) Pour ce qui est des Aromounes, autrement dit Zinzares, Koutsovalaques, Vlaques ou Anovlaques, la création d'un foyer national autonome dans le massif du Pinde en Grèce semble s'imposer comme la solution la plus appropriée.

4) La question la plus épineuse pour l'État roumain reste bien sûr celle de ses minorités territoriales magyares.
Une redélimitation des frontières avec la Hon-grie permettrait de résoudre le problème des zones magyares ou roumaines des confins. Par contre, en ce qui concerne les Szeklers (ou Sicules), le rétablissement de leur territoire qui fut autonome entre 1955 et 1968 est une nécessité incontournable. Si d'évidentes raisons psycho-politiques interdisent pour longtemps le rattachement de la Siculie à la Hongrie, l'obtention par les Szeklers d'un libéral statut de minoritaires permettrait des liens de bon voisinage durables entre Roumanie et Hongrie.

5) En ce qui concerne les petits districts ukrainiens du nord du pays, leur sort est naturellement lié au règlement de tous les litiges pendants entre l'Ukraine, d'une part, la Moldavie et la Roumanie, de l'autre.
Un remodelage de la frontière est donc concevable dans le cadre d'une négociation tripartite. L'échange de la zone ukrainienne contre l'essentiel de la Bucovine du Nord pourrait être réalisé parallèlement au troc de la Transnistrie moldave contre e Bujak ukrainien.

6) La question tsigane revêt en Roumanie une importance considérable du fait du nombre élevé de membres de cette ethnie. Pourquoi ne pas leur accorder un statut de nationalité territoriale ? Le nord de la Transylvanie conviendrait parfaitement à la constitution d'un foyer national autonome des Tsiganes. C'est un territoire que Roumains et Magyars se disputent sans que l'une ou l'autre des revendications opposées apparaisse comme particulièrement fondée ; la question se trouverait ainsi résolue. De plus, cette région correspond à peu près au centre géographique de la diaspora tsigane en Europe de l'Est.
Evidemment, l'aspect le plus crucial réside dans la grande inconnue que représente l'émergence ou non d'un sentiment national même relatif chez ce peuple et qui seul, justifierait un regroupement sur un territoire donné. Néammoins, le sort peu enviable qui est réservé de toutes parts aux Tsiganes mérite qu'on s'efforce sérieusement de résoudre la question, dans les mêmes termes qui s'imposent partout ailleurs.

Perspectives et propositions

Comme avancé ci-dessus, la perspective souhaitable de l'unification roumano-moldave et la solution des problèmes sicule et tsigane, passent par la mise sur pied d'institutions fédérales.
De plus, les différentes minorités ethniques non territoriales devraient ainsi que les minorités religieuses, se voir reconnaître et garantir un statut particulier.
Il est un fait que la nation roumaine doit renoncer à une propension marquée au chauvinisme et doit apprendre le sens et la vertu de la tolérance à l'égard de l'Autre. L'histoire moderne nous enseigne que les politiques ultra-nationalistes conduisent inmanquablement à la catastrophe les nations qui les adoptent. Les Roumains, plus que d'autres, en ont fait la bien triste expérience : il serait suicidaire de la renouveler.

Jean-Louis Veyrac 1994

Voir aussi :
Bulgarie, Grèce, Hongrie, Moldavie, Ukraine, Yougoslavie

carte

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